L'hospitalité récompensée
Un enfant revêtu de noir,
S'en allait sur la route un soir;
Il passa devant la maison
d'un fermier généreux et bon.
«Où vas-tu, cher enfant dis-moi?
Il est tard et je crains pour toi.
La nuit vient, le vent souffle fort,
Tu ne peux demeurer dehors.»
- Ah! Monsieur, je suis sans parents,
Délaissé, je m'en vais errant.
J'ai marché depuis ce matin,
J'ai grand froid et je meurs de faim.
«Viens chez moi, j'ai du feu en plein,
Viens chauffer tes petites mains,
Viens manger d'la bonne soupe aux choux,
Du bon pain, du pain de chez nous.»
- En entrant sous ce toît béni,
L'orphelin, tout heureux sourit.
Il s'assit tout près du foyer,
Attendant le temps de souper.
«Viens t'asseoir au bout de la table,
Viens manger du pain d'habitant,
Pour dessert du sirop d'érable
Que l'bon Dieu donne à tous les ans.»
- En voyant toutes ces bontés,
L'humble enfant se mit à pleurer;
Se tournant vers son bienfaiteur,
Il lui dit avec tout son coeur:
«Oh! Monsieur, que vous êtes bon!
Quel grand coeur vous avez au fond!
Le bon Dieu dans son Paradis,
Vous regarde et puis vous bénit.»
- Quand vint l'heure de se coucher,
Un beau lit était préparé;
L'orphelin se mit au repos,
Épuisé, il dormit bientôt.
«Mes enfants dit le père ému,
Ce bambin ne partira plus;
Il sera comme un fils pour moi,
Remplaçant notre cher François.»
- Le matin, on courut au lit;
Mais l'enfant était disparu;
Sur les draps, il avait écrit:
«Grand merci! Votre ami Jésus!»
Charles-Émile Gadbois
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